Communiqué : : Des propositions ministérielles négligeables



 

 
le 17/10/2010

 

 

 
Le 17 octobre 2010
Communiqué
Décret réglementant le titre de psychothérapeute :
Des propositions ministérielles négligeables
Pour une mobilisation déterminée
 
 
Nous, organisations associatives et syndicales, représentant les psychologues et les enseignants de psychologie, avons été à nouveau reçues ce vendredi 8 octobre au ministère de la santé.
Depuis notre précédente rencontre du 28 juillet, rien n’a réellement changé chez nos interlocuteurs :
- Silence de plomb sur la question déjà posée en juillet et concernant les critères de l’annexe du décret portant sur le titre de psychothérapeute : ministère de la santé et ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche se renvoyant la balle.
- Ecoute polie de nos remarques sur le début de mise en place des commissions régionales d’inscription sous la responsabilité des ARS, avec toutefois une proposition du cabinet ministériel et de la DGOS d’ici la fin de l’année, de mettre ce point à l’ordre du jour d’une prochaine réunion des directeurs des ARS.
- Totale opposition de nos interlocuteurs à une quelconque réécriture du décret ou de son annexe.
- Renouvellement de la proposition d’étude, par Monsieur Ronan le Joubioux, conseiller technique auprès de Madame la ministre de la santé, de la faisabilité d’une instruction ministérielle ou d’une circulaire rappelant la dimension thérapeutique du travail des psychologues formés en psychopathologie, ce qui les fonde à exercer la psychothérapie.
- Engagement du ministère d’un retour écrit de cette rencontre du 8 octobre.
 
Le recours que nous avons intenté devant le Conseil d’Etat est donc plus que jamais d’actualité et se prépare activement.
En effet, nous réaffirmons que la loi et le décret réglementant le titre de psychothérapeute ne remplissent pas leur objectif premier de protection des usagers. Le décret disqualifie les psychologues, au mépris de la loi de 1985 qui a reconnu le titre professionnel de psychologue assorti ou non d’un qualificatif.
 
Nous appelons solennellement les psychologues à ne pas demander à user du titre de psychothérapeute dont ils n’ont que faire puisqu’ils ont déjà un titre professionnel reconnu. L’exercice de la psychothérapie revendiquée depuis le début de notre professionnalisation et reconnue par les institutions et le public, doit rester une de nos compétences. N’en faisons pas un métier !
Nous appelons tous ceux qui font aujourd’hui appel aux psychologues à ne pas se méprendre sur la valeur du titre de psychothérapeute qui ne recouvre qu’une petite partie de la compétence professionnelle du psychologue qui est, à ce jour en France, le professionnel le plus et le mieux formé à la psychologie et à la psychopathologie.

 

 

Ce dernier communiqué du 17 octobre 2010, des principales organisations de psychologues mérite quelques commentaires, en effet il est assez étrange dans sa formulation dans la mesure où ils appellent aux Boycott tout en faisant un recours qui permettrait aux psychologues d’obtenir le titre de psychothérapeute sans formation supplémentaire. A ne rien y comprendre. Essayons tout de même de nous repérer : Nous pensons que cela traduit l’incurie d’un ensemble d’acteurs responsables de la question des psychothérapies au niveau des organisations de psychologues, qui a acculé les psychologues dans cette position de retranchement et dans une impasse mortifère : être obligé de choisir entre demander le titre de psychothérapeute et détruire le métier de psychologue. 1 Depuis 2004, les acteurs prévalents au niveau des décisions des organisations ont ignoré les alertes (articles dans P&P, dans le JDP….de psychologues praticiens isolés sur les projets qui se déroulaient en coulisse pour déconstruire le métier de psychologues FPH. 2 La création de la FFPP en 2003, issue d’une importante scission au Syndicat national des psychologues a révélé qu’il existait des projets différents sur le métier de psychologues en terme de formation, d’exercice, d’application de la déontologie....La question des psychothérapies pourtant exercées principalement par des psychologues a été prise dans ce mouvement idéologique et cela a bénéficié à ceux qui voulaient les exercer dans un cadre légal nouveau, celui de psychothérapeute. 3 Ce que les organisations n’ont pas voulu voir et entendre, par leur manque d’ancrage démocratique, c’est que les psychothérapies sont devenues un marché important et il le sera encore plus avec la tarification à l’activité. Les demandes de soins se sont exprimées de manière exponentielle dépassant largement l’offre que pouvaient faire les institutions de soin avec les psychiatres et psychologues. Ainsi, l’institution tout naturellement a besoin de psychothérapeutes et moins de psychologues et de psychiatres trop couteux. Boycotter n’a pas beaucoup de sens dans ce contexte, nous pouvons penser que même les responsables n’y croient pas, de plus ils n’ont pas les moyens de gérer ce boycott car déjà un grand nombre de psychologues libéraux et contractuels veulent demander ce titre qui offrira des garanties de ressources, d’état et d’assurance. Pour les psychologues titulaires, même si certains ne souhaitent pas demander le titre, le risque est de ne plus avoir d’activité de psychothérapie et les directions médico-gestionnaires pousseront les psychologues à devenir un professionnel de santé « psychologue-psychothérapeute, et mieux encore ils profiteront des nombreux départs en retraite pour les remplacer par des psychothérapeutes. Cf , cas bien réel de la situation d’un collègue rapporté sur ce site.

Ne vaudrait-il pas mieux penser à négocier avec le ministère de la santé et de l’enseignement supérieur afin de faire valoir une véritable formation et exiger des conditions à exercer les psychothérapies pour ce nouveau métier, psychothérapeute-psychologue, crée dans la santé ? Souhaitons que les assises de la formation feront apparaitre les nouveaux enjeux pour les psychologues devenus psychothérapeutes et donc moins psychologues.