Journée de réflexion et de protestation à l’initiative d’Espace Analytique :


Dimanche 21 novembre 2010, de 13h30 à 19h

 

(École normale supérieur, salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005
Paris
)


 

Cibler une population pour l’exclure, comme le gouvernement
français l’a fait envers les Gens du Voyage, français, et les Roms, étrangers
communautaires, est un acte condamnable. Dans une Europe fragilisée par une
crise économique majeure, ce genre de geste risque de transférer le malheur
quotidien en vindicte populaire, dès lors qu’est désigné un bouc émissaire.


 

Mais il y a plus grave. L’histoire du XX

 

e siècle nous enseigne que c’est là
un engrenage politique fatal. Les institutions européennes ont protesté.
L’idéologie de la libre circulation des personnes est constamment affichée.
Pourtant la mise en place de la zone Schengen et une phraséologie
multiculturaliste à géométrie variable provoquent des formes de clôture
ségrégative intra-européenne.


 

La psychanalyse a cerné la tendance à la ségrégation, relevée par
Lacan après la Massenpsychologie de Freud, propre au fonctionnement de
l’inconscient individuel. Espace Analytique en avait fait le thème de son
Congrès de 2004. Il importe d’y revenir aujourd’hui, alors que fonctionne cette
"exclusion interne" que nous connaissons bien, en invitant nos collègues à une
journée de réflexion et de protestation le 21 novembre prochain, autour
d’Henriette Asséo, historienne, professeur à l’EHESS et de Patrick Williams,
anthropologue, directeur de recherches au CNRS dont les recherches font autorité
sur l’histoire et l’anthropologie des Tsiganes.


 

La politique gouvernementale française actuelle a une double
dimension. - Sur le plan intérieur, elle laisse entendre que la nationalité ne
confère plus la citoyenneté de plein droit. Ainsi, en gommant le fait que les
Gens du Voyage vivant en France sont des citoyens français, elle teste des
techniques de suspicion sur l’ « identité nationale » d’une partie des
Français.


 

- Sur le plan extérieur, elle déconnecte des étrangers relevant du
droit communautaire, les Roumains ou Bulgares dits « Roms », de leurs attaches
nationales. Elle contribue à accélérer les expropriations en Europe centrale et
orientale et à fabriquer une catégorie politique unique de « roms migrants »,
ethniquement responsable de leurs discriminations.


 

La tentation partagée par tous les Etats européens de l’« 
ethnicisation politique » remet en cause les principes de la souveraineté
nationale ; elle met en péril le fonctionnement démocratique de notre société,
tel qu’il s’est bon an mal an établi depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est de
cela que nous parlerons dimanche 21 novembre 2010.


 

Programme


 

1- Projection du film de Raphael Pillosio : « Des Français sans
histoire » (2009, 84 minutes), et discussion avec le réalisateur :

 

La France a interné des hommes, des femmes
et des enfants catégorisés comme "Nomades" durant la Seconde Guerre mondiale.
Une trentaine de camps disséminés dans tout le pays, ont emprisonné environ 6
000 personnes de mai 1940 à mai 1946.


 

Qui sont ces " Nomades " internés ? Pourquoi ont-ils été internés
 ? Quelles étaient leurs conditions de détention ? Ce film qui part à la
recherche des dernières traces de ce passé, reconstitue l’Histoire méconnue
d’une population qui est marginalisée, stigmatisée depuis plus d’un siècle par
l’Etat français.


 

2- Conférence animée par Catherine Saladin et Bernard Toboul, avec
les interventions de :


 

Henriette Asséo :

 

mise en
perspective historique de la politique de ségrégation des Roms et des Gens du
Voyage


 

Patrick Williams :

 

approche
anthropologique de la culture des Tsiganes.


 

3- Table ronde et discussion générale : interventions de Marcel
Drach, Andrée LehmannJean-Jacques et Françoise Moscovitz, Jean-Christophe
Saladin, Guy Sapriel, Catherine et Alain Vanier.


 

4- Conclusion musicale : petit concert
tsigane.