Psychologue à l’Hôpital : Une profession menacée !

"Ce qu’on pressent depuis longtemps, ce que l’on dit depuis longtemps, ce que l’on sait depuis longtemps.. finalement se profile et peut-être prend réalité. La question est pourquoi ce désamour soudain de l’hôpital ? Pourquoi aujourd’hui ? Le calcul est-il fait du départ annoncé de ceux que la retraite attend, dont les places sont à prendre. Un corporatisme dans lequel les psychologues n’ont jamais su s’insérer. Ou alors en quoi et pourquoi la psychologie est-elle aujourd’hui rejetée ? C’est peut-être que le statut du sujet a évolué, la psychologie défendait un sujet parlant, aujourd’hui on le percevrait comme un corps qui souffre ? En tout cas , même s’ils n’ont pas toujours été à la hauteur, avec les psychologues c’est le langage et tout ce qu’il suppose de maîtrise de soi, qui s’évanouit. Je remarque que ce n’est même pas une passation de pouvoir de la psychologie clinique à la psychologie expérimentale ou cognitive qui se profile, mais bel et bien un rejet de la psychologie."
Voilà le commentaire d’un collègue psychologue et philosophe à qui j’ai envoyé ce communiqué qui résume parfaitement la situation.

La France est en train de rejoindre les pays peu développés ou en voie de développement en ce qui concerne l’accès aux sciences humaines et à la psychologie en particulier mais pas pour les mêmes raisons évidemment..
Nous sommes forcés de constater l’état d’obscurantisme dans lequel se maintient la médecine en France en refusant une place à la psychologie et à la parole singulière, en comparaison de ce qui se passe dans les grands pays développés.
Théodule Ribot au 19ème siècle disait que « L’individualité psychique n’est que l’expression subjective de l’organisme. » La médecine française, si technique soit elle pour réparer les corps, oublierait-elle que l’homme est avant tout un être de Langage.



L’UNSA Santé Sociaux qui n’a jamais quitté la table des négociations est indignée par la position du Ministère concernant l’avenir de la profession de psychologue à l’hôpital !
C’est en qualité de psychologues de la FPH représentantes UNSA Santé et Sociaux, travaillant dans des services de psychiatrie, que nous participons aux groupes de travail à la DGOS depuis 2011 et faisons partie du Comité de suivi de l’expérimentation de la structuration institutionnelle de l’activité des psychologues de la fonction publique hospitalière. Ce comité s’est réuni le jeudi 10 juillet 2014.
Nous nous y sommes rendues avec l’idée d’insister auprès de la DGOS et des autres instances syndicales sur la nécessité d’élargir le débat de l’expérimentation vers un enjeu autrement plus crucial pour les psychologues, celui de l’intégration de leurs missions dans la future loi de santé. Pour rappel, c’est en 2009 que la loi HPST avait supprimé la dimension de la prise en compte des aspects psychologiques des missions de l’hôpital.
L’UNSA Santé et Sociaux a voulu aborder les propositions figurant dans le rapport du député Denys Robiliard (décembre 2013) : la DGOS a refusé. Nous avons indiqué le paradoxe qu’il y avait à travailler autour d’une structuration de la profession alors que, d’une part une loi de santé était en cours d’écriture et que les psychologues et leurs missions n’y figureraient toujours pas, et d’autre part que l’hôpital s’apprête à ne plus les former. Les psychologues UNSA Santé et Sociaux sont convaincus que la profession a à s’inscrire à différents endroits de cette loi (accès aux consultations en 1ère intention, prévention…).
La DGOS a témoigné d’un durcissement de ses positions à l’égard de notre profession, de son avenir et plus globalement de sa place à l’hôpital.
Nous avons alors vite pris la mesure de la radicalisation d’un discours qui prône un abord médical exclusif : le Ministère nous a indiqué qu’il n’y aurait rien concernant les psychologues dans la loi de santé car elle n’était pas une profession de santé. Si nous refusons la tutelle médicale, nous sortirons des hôpitaux : les sciences humaines n’auraient plus leur place à l’hôpital selon eux.
Il s’agit d’un chantage à la paramédicalisation.

Dans la même lignée, concernant le problème de la rémunération des stagiaires, la DGOS réaffirme qu’il n’y a et qu’il n’y aura pas d’enveloppe budgétaire pour financer les stages. Or le Ministère de l’Enseignement Supérieur affirme l’existence d’un fonds dont les psychologues en formation dans les hôpitaux peuvent bénéficier.
La DGOS refuse catégoriquement de discuter avec l’Enseignement Supérieur et de les intégrer au débat. On nous indique alors qu’il n’y a pas de convention avec les Facultés des Sciences Humaines (à l’inverse des paramédicaux où la non-rémunération est prévue par la loi) et que le Ministère ne souhaite pas en créer.
Là aussi, il y a urgence : les hôpitaux commencent déjà à refuser les stages des étudiants en psychologie pour raisons budgétaires. A la rentrée, près de 2000 étudiants risquent de se retrouver en difficulté.

Après avoir fait entendre aux psychologues que seule une structuration ferait d’eux des interlocuteurs dignes d’intérêts, l’administration de la santé, par l’intermédiaire de la DGOS, a dévoilé son objectif : médicaliser la psychologie, privant ainsi l’hôpital d’un apport différent de la médecine mais qui lui est complémentaire.
L’UNSA Santé et Sociaux n’a pas cessé de rencontrer les interlocuteurs sur le sujet et alerte les psychologues : leur avenir et la spécificité de leur intervention va se jouer dans la prochaine loi de santé publique.
Indignons-nous et opposons nous à la médicalisation de la psychologie !
Mobilisons nous contre la disparition des Sciences Humaines à l’hôpital !

Depuis quelques mois, conscients de la nécessité de prendre part activement aux débats et décisions en matière de politique des soins, les psychologues représentants UNSA Santé et Sociaux se sont engagés dans un travail de réflexion et de rencontres avec Denys Robiliard, député auteur du rapport sur la santé mentale de décembre 2013 qui recommandait « de reconnaître un rôle aux psychologues cliniciens en premier recours et d’examiner la possibilité et les modalités d’une prise en charge de leur exercice par l’assurance maladie (proposition n° 25) ».
L’UNSA Santé et Sociaux a pris également contact avec les enseignants-chercheurs de psychologie clinique et psychopathologie (SIUEERPP), des collèges et inter-collèges et un député du Nord (Rémy Pauvros).
Ces échanges nous ont amenés à formaliser des propositions fortes pour repositionner au coeur de la clinique la discipline de la psychologie clinique et de la psychopathologie ainsi que le métier de psychologue clinicien au sein de l’hôpital, en terme de profession de soins psychiques et de responsabilité de la coordination de filières des soins psychiques.
Nous pensons que les psychologues ont un rôle primordial à jouer dans l’amélioration de l’offre et du système de soins et dans la qualité de la prise en charge au sein de l’hôpital public.
Après la sur-médicalisation de la santé, on en arrive à une volonté de plus en plus clairement affichée de médicaliser la psychologie clinique en paramédicalisant les psychologues.
Si la profession de psychologue clinicien n’est pas une profession de soin médical, en revanche, elle peut se définir comme une profession de soin psychique et envisage le domaine du curatif comme n’étant pas l’apanage exclusif de la médecine. Le soin médical et le soin psychique : une nécessaire complémentarité sans qu’une discipline soit fongible dans l’autre.
L’abord médical, sûr que son pouvoir sur le corps est aussi pouvoir sur l’esprit, veut évincer les sciences humaines des hôpitaux et ce, à contre-courant de la demande de la population.
L’hôpital s’apprêterait-il donc, en ne voulant plus des psychologues, à se passer de certains cliniciens qui étaient encore garants de cette clinique du singulier ?
Comment peut-on croire que seules les professions médicales et paramédicales sont à-même d’avoir des effets thérapeutiques ?
Ne nous méprenons pas, l’heure est grave. Les psychologues sont en vacances mais le Ministère la DGOS travaillent.
Si nous ne faisons rien, voici la situation résumée en quelques points :
- Les psychologues ne seront pas dans la loi de Santé
- Les étudiants en Master 2 de psychologie ne seront plus acceptés en stage dans les hôpitaux et la filière va s’éteindre d’elle -même
- Le Ministère de la Santé a proposé de créer des professions intermédiaires (paramédicales) en santé mentale mais refuse que les psychologues (formés de bac + 5 à bac +8) formés à ce niveau d’études et de responsabilités depuis 30 ans soient ces professions intermédiaires (non paramédicaux) avec des responsabilités accrues.
Pourquoi nous refuse-t-on une revalorisation de notre formation ?
- Le Ministère de la Santé ne veut plus des Sciences Humaines à l’hôpital… et demande à la DGOS de mettre cela en oeuvre.

L’UNSA Santé et Sociaux vous appelle à la plus grande vigilance, la profession doit se mobiliser et se faire entendre à l’instar de l’UNSA Santé et Sociaux auprès des députés, auprès des universitaires, auprès des collègues psychologues, auprès du public… Nous pensons qu’il faut mettre en oeuvre toutes les actions nécessaires pour le maintien de la psychologie, de la clinique au sein de l’hôpital et une véritable reconnaissance de notre profession !
Les psychologues représentantes UNSA Santé et Sociaux :
Elisabeth Schaeffer et Roxane Meziane
Psychologues cliniciennes
Contact : psychologues.unsa.santesociaux@outlook.fr

Vos commentaires

  • Le 3 août 2014 à 20:25, par kadija TURKI En réponse à :

    Psychologue à l’Hôpital : Une profession menacée !

    Ressources humaines

    L’Unsa Santé-Sociaux craint l’extinction future des psychologues hospitaliers

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    16/07/14 - 17h43 - HOSPIMEDIA |
    À l’occasion d’une réunion au ministère, les psychologues de la fonction publique hospitalière (FPH) représentants de l’Unsa Santé-Sociaux auraient appris que rien ne figurerait dans la future loi de Santé pour la profession. Ils expriment leurs fortes inquiétudes quant à l’avenir des psychologues, notamment à l’hôpital.
    L’Unsa Santé-Sociaux a fait part le 15 juillet dans un communiqué de ses fortes inquiétudes quant à l’avenir de la profession de psychologue, notamment à l’hôpital. Les psychologues de la fonction publique hospitalière (FPH) du syndicat, travaillant dans des services de psychiatrie, ont saisi l’occasion d’une réunion du comité de suivi de l’expérimentation de la structuration institutionnelle de l’activité des psychologues de la FPH le 10 juillet. Ils souhaitaient insister auprès de la DGOS sur la "nécessité d’élargir le débat de l’expérimentation vers un enjeu autrement plus crucial pour les psychologues, celui de l’intégration de leurs missions dans la future loi de Santé" (lire ci-contre). "Pour rappel, c’est en 2009 que la loi HPST avait supprimé la dimension de la prise en compte des aspects psychologiques des missions de l’hôpital", souligne le syndicat. Ils ont "voulu aborder les propositions figurant dans le rapport du député Denys Robiliard (...) : la DGOS a refusé". "Nous avons indiqué le paradoxe qu’il y avait à travailler autour d’une structuration de la profession alors que, d’une part une loi de Santé était en cours d’écriture et que les psychologues et leurs missions n’y figureraient toujours pas, et d’autre part que l’hôpital s’apprête à ne plus les former", précisent les psychologues de l’Unsa.
    Durcissement des positions au ministère ?

    Selon l’Unsa, la DGOS a témoigné "d’un durcissement de ses positions à l’égard de [la] profession, de son avenir et plus globalement de sa place à l’hôpital". "Nous avons alors vite pris la mesure de la radicalisation d’un discours qui prône un abord médical exclusif : le ministère nous a indiqué qu’il n’y aurait rien concernant les psychologues dans la loi de Santé car elle n’était pas une profession de santé", affirme le syndicat. "Si nous refusons la tutelle médicale, nous sortirons des hôpitaux : les sciences humaines n’auraient plus leur place à l’hôpital selon eux. Il s’agit d’un chantage à la paramédicalisation", estime-t-il. "Dans la même lignée, concernant le problème de la rémunération des stagiaires, la DGOS réaffirme qu’il n’y a et qu’il n’y aura pas d’enveloppe budgétaire pour financer les stages", poursuit l’Unsa. Or, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche "affirme l’existence d’un fonds dont les psychologues en formation dans les hôpitaux peuvent bénéficier". La DGOS "refuse catégoriquement de discuter avec l’Enseignement supérieur et de les intégrer au débat". "On nous indique alors qu’il n’y a pas de convention avec les facultés des sciences humaines (à l’inverse des paramédicaux où la non-rémunération est prévue par la loi) et que le ministère ne souhaite pas en créer", poursuit l’Unsa. Sollicités par Hospimedia ce 16 juillet, la DGOS et les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur n’avaient pas donné suite à l’heure où nous publions.
    2 000 étudiants en difficulté, selon l’Unsa

    Pour le syndicat, il y a urgence : "Les hôpitaux commencent déjà à refuser les stages des étudiants en psychologie pour raisons budgétaires". À la rentrée, près de 2 000 étudiants risquent de se retrouver en difficulté, affirme-t-il. Le ministère, "par l’intermédiaire de la DGOS, a dévoilé son objectif : médicaliser la psychologie, privant ainsi l’hôpital d’un apport différent de la médecine mais qui lui est complémentaire", poursuit l’Unsa. Pourtant, depuis quelques mois, les psychologues représentants de l’Unsa se sont engagés dans un travail de réflexion et de rencontres avec Denys Robilliard, qui recommandait dans son rapport de reconnaître un rôle aux psychologues cliniciens en premier recours et d’examiner la possibilité et les modalités d’une prise en charge de leur exercice par l’Assurance maladie. Ils ont pris également contact avec les enseignants-chercheurs de psychologie clinique et psychopathologie (SIUEERPP), des collèges et inter-collèges et un député socialiste du Nord, Rémi Pauvros. "Ces échanges nous ont amenés à formaliser des propositions fortes pour repositionner au cœur de la clinique la discipline de la psychologie clinique et de la psychopathologie ainsi que le métier de psychologue clinicien au sein de l’hôpital, en termes de profession de soins psychiques et de responsabilité de la coordination de filières des soins psychiques", explique l’Unsa. Et d’insister : "Si la profession de psychologue clinicien n’est pas une profession de soin médical, en revanche, elle peut se définir comme une profession de soin psychique et envisage le domaine du curatif comme n’étant pas l’apanage exclusif de la médecine".
    Appel à la mobilisation

    "Les psychologues sont en vacances mais le ministère et la DGOS travaillent", s’alarme le syndicat. "Si nous ne faisons rien, (...) les étudiants en Master 2 de psychologie ne seront plus acceptés en stage dans les hôpitaux et la filière va s’éteindre d’elle-même", appuie-t-il. "Le ministère de la Santé a proposé de créer des professions intermédiaires (paramédicales) en santé mentale mais refuse que les psychologues (formés de Bac+ 5 à Bac+8) formés à ce niveau d’études et de responsabilités depuis trente ans soient ces professions intermédiaires (non paramédicaux) avec des responsabilités accrues", s’étonne-t-il. L’Unsa Santé-Sociaux appelle donc à "la plus grande vigilance" et à une mobilisation de la profession pour le maintien de la psychologie, de la clinique au sein de l’hôpital et une "véritable reconnaissance" de leur profession. Une mobilisation nationale à l’appel d’une intersyndicale pour dénoncer la précarité des psychologues s’est déjà tenue le 19 juin (lire ci-contre) et la poursuite du mouvement a d’ores et déjà été annoncée en septembre.
    Caroline Cordier