Offre de soins Des psychologues demandent des structures d’hospitalisation de proximité en psychiatrie Publié le 05/03/19 - 14h38

Pour le Syndicat national des psychologues des "maisons d’accueil psychothérapiques de proximité" permettraient des hospitalisations brèves en psychiatrie. Ouvertes 24h/24, elles pourraient réduire les longs séjours en EPSM.

Avec l’arrivée prochaine au Parlement de la loi de Santé qui entend réformer en profondeur les soins de proximité, l’organisation de ceux-ci occupera sans nul doute une large part des débats. Si pour l’heure la santé mentale n’est pas directement évoquée dans le texte gouvernemental, les acteurs concernés entendent bien qu’elle ne soit pas occultée. Ainsi, explique le secrétaire général du Syndicat national des psychologues (SNP), Jacques Borgy, lors d’un entretien avec Hospimedia à la mi-février, il sera proposé vraisemblablement des amendements spécifiques. Il souhaite par exemple que les psychologues puissent faire partie des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Le SNP a aussi plaidé auprès de plusieurs députés pour mettre en place de nouvelles organisations multiprofessionnelles pouvant prévenir les séjours longs en psychiatrie. Ces derniers sont extrêmement coûteux et souvent considérés comme inadéquates par les professionnels de santé (lire notre article).
Porte d’entrée des soins "multiprofessionnelle"
Le SNP a exposé ses propositions lors de son audition de la mission flash sur le financement de la psychiatrie, menée par la députée Martine Wonner (LREM, Bas-Rhin, lire notre article). À cette occasion, il a expliqué que "réformer le financement ne suffit pas". Il a souligné la nécessité de concevoir "des innovations d’ampleur et d’entendre le souhait de nombreuses associations de patients d’un égal accès au soin psychique". Concevoir la porte d’entrée du système de soins psychiatriques "comme multiprofessionnelle est la façon la plus sûre de permettre au plus grand nombre de consulter dès que nécessaire", ont indiqué les psychologues.

Ils estiment que l’accès aux soins grâce aux plateformes ambulatoires de la psychiatrie que sont les centres médico-psychologiques (CMP) doit être complété par un accès via les praticiens de ville, médecins et psychologues et les centres de santé dans un travail de partenariat entre eux et les CMP. Des possibilités d’hospitalisations de proximité doivent également être proposées, ont-ils expliqué. Les lieux d’accueil de la souffrance psychique doivent être "largement ouverts à la population 24h/24 7j/7". Par conséquent, le SNP propose "la mise en place de "maisons d’accueil psychothérapiques de proximité" permettant un recours le plus précoce possible des patients et donc la prévention des aggravations cliniques génératrices de durées plus longues d’hospitalisation".
Possibilité de consultations d’urgence
Ainsi, le patient nécessitant une hospitalisation brève "sera moins coupé de ses racines sociales et familiales". Les hospitalisations de nuit dans le cadre d’une reprise d’activité sociale et/ou professionnelle ou les hospitalisations de jour permettant un soutien à la réinsertion après hospitalisation seront "plus aisées". Ces modalités (nuit ou jour) "permettront une diminution du temps d’hospitalisation complète et une meilleure inclusion" dans un programme de soins ambulatoires par la suite.

Ces maisons pourraient "s’appuyer sur le réseau existant d’hôpitaux locaux et devraient disposer de consultations d’urgences pluriprofessionnelles accessibles en première intention". Dans un moment de crise chez le patient, estime le syndicat, "l’écoute du psychologue est essentielle pour faire baisser l’angoisse, l’agressivité, éviter l’hospitalisation ou la poursuite de celle-ci voire la contention ou l’hospitalisation sous contrainte, en faveur d’un suivi ambulatoire". Jacques Borgy rappelle que "la compétence du psychologue en psychopathologie lui permet une première évaluation diagnostique" afin d’orienter le consultant vers une prise en charge adaptée, qu’elle soit médicale, infirmière ou sociale. Et d’insister sur le fait que le patient "ne demande pas seulement une solution à ses problèmes mais une prise en compte de sa parole et de lui comme sujet".
Concurrence des IPA ?
Le syndicat a aussi rappelé ses revendications anciennes pour un meilleur accès aux psychologues et la reconnaissance de la profession. Les psychologues à l’hôpital, surtout en psychiatrie, se trouvent entre autres "confrontés à l’arrivée des infirmiers en pratique avancée (IPA) qui pourraient intervenir en lieu et place du psychologue, comme c’est parfois le cas des infirmiers dans les CMP", a-t-il signalé. Pourtant, "l’intérêt est d’intervenir conjointement mais aussi de permettre au psychologue de faire son travail de thérapeute et non d’intervenir seulement sur indication d’un infirmier". Ainsi, le psychologue doit "garder sa place singulière, ni médicale, ni d’auxiliaire médical, que la souffrance psychique soit reconnue, nommée et pas prioritairement psychiatrisée ou médicalisée".

Concernant cette place respective des psychologues, psychiatres, IPA et autres soignants, le syndicat s’apprête justement à "initier conjointement une réflexion avec une autre organisation de psychologues et des organisations de psychiatres, d’infirmiers et d’usagers de la psychiatrie" par la mise en place d’un groupe de travail. Par ailleurs, le SNP a évoqué une problématique de comptabilisation de l’activité des psychologues hospitaliers, qui participe de la méconnaissance de leur rôle. En effet, "l’absence d’inscription du psychologue en tant que tel dans les dossiers médicaux informatisés des hôpitaux généraux l’oblige à écrire ses comptes rendus dans l’espace des psychiatres".

 

Enfin, le SNP plaide régulièrement pour la possibilité de placer des structures, comme des CMP par exemple, sous la responsabilité de psychologues (lire notre interview) et signale que c’est déjà le cas pour des centres d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), des hôpitaux de jour, etc. Le syndicat indique que la FHP l’a sollicité afin de réfléchir à la possibilité de confier de telles responsabilités aux psychologues, "dans l’idée d’une avalisation future par la DGOS".
Caroline Cordier