Témoignage d’actualité 2

Auteur Anonyme

Le 6 Décembre 2009
MÉLODIE POUR UN INSTANT DE LIBERTÉ

Aujourd’hui encore mes mains se posent sur le clavier, comme si , telle une musicienne, j’allais composer, sans connaître d’avance la mélodie que je vais jouer. Certain(e)s se laissent, par d’ Autres, mener par le bout du nez, moi, c’est du bout de mes dix doigts que je me laisse emmener, comme poussée…vers le court instant d’un sentiment de liberté.
Enfermée je ne le suis pourtant pas, si ce n’est, enfermée en liberté dans une société qui ne me correspond pas.
Si peu de correspondance possible avec cette société là, qui se referme peu à peu sur elle-même, à l’heure ou pourtant fusent de toute par les moyens de communication : multimédias ! re-tranchée, pourtant ,oui, c’est bien comme ça que je la qualifie, cette société là, lorsqu’elle ne l’est pas tout bonnement, tranchée, dans le vif d’ un monde d’écrins et de pauvreté : coupée en deux moitiés, qui bien plus que de s’entretenir, dans les deux sens du terme, c’est à dire dialoguer en somme et, prendre soin l’une de l’autre, je disais donc, bien plus que de s’entretenir, elles s’annulent, ces deux moitiés, l’une l’autre.
Dans un monde d’écran et de désolation, pourrais-je même dire, tant il s’agit, non seulement de présenter une belle vitrine, mais de plus, à la façon du pervers, faire montre d’opacité, laisser suffisamment de flou pour suggérer, bien plus qu’affirmer, en cela même, en somme, sans, en apparence influencer, amener l’autre, le « petit autre » celui-là, l’emmener pour ainsi dire, ce dernier, de lui-même à penser, comme le dis la formule consacrée, qu’ « un chat n’est pas un chat ». Mascarade !
Pourquoi je dis cela, parlons des mots, si vous le voulez bien, oui, parlons en : quels que soient les penseurs qui ont introduit, un peu comme injecté, certains mots, tel un antidote qui provoquerait l’effet contraire de la guérison, que racontent-il ces mots, à « la société » à qui ils ont été pour ainsi dire inoculés, quelles en sont les pensées de ces mots ?
Et d’abord, si vous le voulez bien, commençons par le mot de société. C’est qui la société, c’est quoi ? Mais la société, c’est nous, c’est vous, c’est moi ! Vous ne le saviez pas ?
Un autre mot encore : « gouvernance », c’est nouveau, oui, tout à fait, ça vient de sortir, en tout cas il y a peu de temps. Et non, il n’y a plus de gouvernement, celui qui gouverne, aussi totalitaire soit-il, celui qui donne la direction et les moyens d’y arriver aussi. Et oui, c’est la gouvernance à présent. Qu’est-ce que ça dit ? Tout et rien, ça dit ou il faut aller mais ça ne dit pas comment, chacun est convié à se débrouiller, mais il faut y arriver ! Evidemment, en cas d’échec, risque de licenciement ! Pas le droit à l’erreur ! C’est l’analyse ( celle du pas le droit à l’erreur ), que je partage et qui est développée dans « l’idéal au travail », livre de Marie-Anne DUJARIER ( maître de conférences en sociologie à l’université de Paris-III ).
Encore un mot, allez, au diable l’avarice, allons y, il y en a tant ! Aviez vous déjà entendu parler de « guerre propre », celle qui ne fait pas de victimes civiles. Mais une guerre, que je sache, ce n’est jamais propre !
La « productivité », parlons en de la « productivité », et pourquoi ne pas l’appeler tout simplement par son vrai nom, elle s’appelle en fait exploitation ! C’est vrai, c’est moins joli !
Je continue ? allez, encore un petit mot pour la route et après tout le monde s’arrête de travailler ! « Collaboration », voici un de ces mots dont j’ « adore » l’intonation, ne sonne t-il pas beau ? Au bout du compte, tout de même, lorsqu’ il est « demandé » aux ouvriers de collaborer, il s’agit en fait, passez moi l’expression, oui, il s’agit de trimer !
Autant d’oxymores, en voulez vous en voilà, tout ces mots que l’on associe à leur contraire, comment voulez vous vous y retrouver, à moins d’avoir la tête qui tourne en carré, vous l’avez remarqué, c’est impossible n’est-ce pas. On ne peut même pas dire que ça ne tourne pas rond ! Non, ça tourne carrément dans un sens impossible !
Et je continue, la « tolérance zéro ». Mais par définition, ou même seulement par bon sens, mais lorsqu’il y a tolérance, cela signifie qu’il y a une marge d’erreur possible. Comment peut-il y avoir à la fois une marge d’erreur possible et pas de tolérance ? Pourquoi ne pas simplement parlé d’ intolérance à ce moment là ? Il est vrai qu’encore une fois, ce n’est pas très joli ! Je parle d’un point de vu éthique, vous l’avez compris ! Ce n’est pas très jojo ! Pardonnez moi ce terme, rien de vulgaire, aucunement familier non plus, juste un peu d’exaspération !
Et tant d’autres mots, cherchez à présent, cherchez, vous trouverez, ils ne sont pas rares, mais ils sont graves ! Encore une fois, aucune familiarité, non, juste vous accrocher sur la gravité de prononcer des paroles à l’encontre du bon sens, n’est-ce pas une façon, tout de même de se moquer des gens, leur faire croire tout ce que l’on veut, y compris et c’est là le plus grave me semble-t-il, que leur bonheur est exactement là où, en réalité, s’origine leur négation !

Vous en voulez pour preuve un petit dernier, allez, je n’en suis plus à ça près !
Le fameux « plan social », vous savez, quand vous êtes licenciés. Je ne ferais plus aucun commentaire, tout ces mots insensés parlent d’eux-mêmes, mais tendez bien l’oreille, afin de ne pas les faire circuler. Un mot qui n’est pas employé est un mot mort ! Et le non sens qu’il véhicule l’est aussi ! A la guerre comme à la guerre !
Alors avant de terminer, posons nous la question du pourquoi ? Pourquoi mettre en circulation tout ces mots dont le non sens me sidère. Pourquoi ? Et bien voilà ce que j’en pense : pour le rendre plus petit encore, ce « petit autre », dont parle LACAN, qui peut être vous, qui peut être moi. Et pourquoi, encore une fois ? Sans doute, comme dans la fable de LAFONTAINE, enfler son moi jusqu’ à l’explosion, sans en mesurer, ni se poser seulement la question des risques d’éclaboussures, nocifs, ceux-là, envers la société.
Et comment ? Le profit, évidemment, de tout temps le meilleur ennemi de l’homme et qu’ importe si trop et/ou mal acquis ne profite jamais !
A quoi sert d’écrire tout ça ? Peut-être, simplement, dire tout haut ce que chacun pense tout bas, n’est-il pas ?