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"Contre La Nuit Sécuritaire - Appel des 39"

9 novembre 2009, 09:37, par psycho

« Contre La Nuit Sécuritaire - Collectif des 39 »
La psychiatrie se verrait-elle expropriée de sa fonction soignante, pour redevenir la gardienne de l’ordre social ?
Nous, citoyens, professionnels du soin, du travail social, refusons de servir de caution à cette dérive idéologique de notre société.

Pour la création d’un réseau de résistances
resistancepsy@yahoo.fr

Depuis un ans, le collectif des 39 mobilise la parole dans un nouveau mouvement, pour redonner droit à la critique et à l’élaboration dans le soin psychique, pour lutter contre la déshumanisation qui touche les patients, comme les professionnels, et de réaffirmer l’humanité de la folie.
Ce mouvement se nourrit des hétérogénéités au sein même des membres du collectif des 39 et au-delà. Parce que nous refusons la rationalité supposée scientifique d’une psychiatrie gestionnaire et sécuritaire, il est impératif de défendre la multiplicité des pratiques, la nécessité de toujours interroger et de faire vivre la critique au sein des différentes orientations présentes dans le champ du soin psychique
Le constat dramatique de la dislocation des liens au sein même des équipes pluridisciplinaires est une réalité dont il faut prendre acte pour mesurer la menace qui pèse sur tout mouvement de partage de la parole et d’élaboration de lien transversaux, nationaux.
Avant de nous retrouver irrémédiablement rigidifiés dans une nouvelle organisation géographique qui n’a de soignant que le nom, construisons ensemble un réseau de résistances.
Cette « menace sur le lien » pèse sur tout mouvement. La mise en réseau des luttes, des résistances, est une des grandes difficultés. Pourtant, elles existent dans nos pratiques quotidiennes. Nous protégeons le lien thérapeutique, notre outil de travail, par de multiples petits gestes, actes de refus.
Depuis des années déjà, les restrictions dues à la chute des moyens et aussi aux modifications des réglementations d’accueil nous obligent à contourner, à tordre un peu la prescription légale pour maintenir des activités thérapeutiques.
Nous pouvons lister les petites monstruosités dont nous sommes souvent témoins, ces petites choses, parfois invisibles, mais qui s’accumulent, déstabilisent le lien soignant, créent une ambiance aseptisée. Plus que la dénonciation, l’affirmation d’un autre soin psychique possible est une arme d’autant plus forte qu’elle reste de teneur variée.
Les résistances sont multiples, parfois isolées, parfois minimes, mais elles existent. Le caractère minoritaire de ces actes, ne doit pas en faire disparaître la force symbolique.
Refuser d’appliquer un protocole absurde et privilègier la singularité, dire non à une "note de service", et favoriser une créativité collective au sein des équipes. Dans nos pratiques quotidiennes, ce sont des actes synonymes de résistance.
Nous voulons donner à ces résistances toute leur force symbolique, celle d’un engagement soignant. Cette résistance doit prendre toute son ampleur par la mise en commun, en réseau, de nos expériences, de nos luttes, réussites et échecs.

Ecrivez à resistancepsy@yahoo.fr